Méthode Pécunia
Le geste manipulatif en technique Pécunia est très simple.
Contrairement à d’autres techniques structurelles et c’est ce qui en fait sa grande originalité, il est axial. Il ne fait appel à aucune rotation, aucune torsion, pas plus qu’on ne porte l’articulation au-delà de son amplitude naturelle en forçant. On respecte ainsi l’intégrité anatomique articulaire, quelles que soient les articulations sur lesquelles on agit.
Il s’agit aussi d’une technique qui considère l’individu dans sa globalité, ce qui revient à dire que pour une douleur d’épaule, la normalité des chevilles des genoux ou du bassin etc. sera systématiquement vérifiée au cours de la séance.
Pour une articulation périphérique (épaule, coude, genou, cheville etc.) l’action peut se résumer en trois étapes : Traitement par un geste dans l’axe, Décoaptation, et Remodelage, le tout en un seul geste et c’est pour cette raison que l’on parle de DRAC : Décoaptation Remodelage Articulaire Cinétique.
Ce geste s’accompagne bien souvent d’une perception de ressaut articulaire interne que seuls le patient et l’opérateur ressentent. Il ne s’agit jamais d’un craquement bruyant que l’on entend.
Immédiatement après le geste manuel, on vérifie que la symétrie de fonction est normalisée par rapport au côté sain.
Les articulations sacro-iliaques (les articulations du bassin), très difficiles à mobiliser car très puissantes, profondes, et recouvertes de fibro-cartilage,sont traitables en technique Pécunia de manière certes peu élégante, mais très efficace : la percussion. Vous en trouverez l’illustration sur une des vidéos jointes en fin d’article, le traitement des articulations sacro-iliaques étant la clé de voûte du traitement de la colonne vertébrale.
Pour le traitement de la colonne vertébrale, le principe d’un traitement axial est également appliqué. L’idée est d’apporter au geste axial une vitesse instantanée, c’est à dire une impulsion vive, sèche et très brève. On effectue donc un Traitement Axial Manuel Instantané Décompressif (TAMID).
C’est la grande différence par rapport aux tractions vertébrales encore très couramment pratiquées de nos jours, souvent en milieu rééducatif, qui consistent en des mises en tension très progressives et répétées de l’axe vertébral, sur des durées de plusieurs minutes.
De surcroît, le patient est mis dans une position pendulaire, inversée la tête en bas, ce qui permet d’avoir déjà par le concours de la simple pesanteur, une modification des courbes naturelles de l’axe vertébral. Pour ce faire, on utilise une table d’inversion, qui permet d’amener le patient la tête en bas de manière progressive et en toute sécurité.
Le geste axial, qui peut se faire soit à partir de la tête, soit à partir du thorax, a une action globale mécanique sur les articulations intervertébrales postérieures. Il vise donc à éliminer en une fraction de seconde les adhérences articulaires (« grippages« ), souvent d’origine post-traumatique, qui entravent la fonction normale et qui sont à l’origine de douleurs et de symptômes divers.
Une autre alternative au geste pendulaire vertical est la traitement axial manuel instantané horizontal. Pour ce faire, on utilise un collier, qui garantit la pureté axiale du geste, avec deux points d’appui mandibulaire et sous occipital. Cette forme de traitement est particulièrement adapté aux personnes qui appréhendent de se retrouver la tête en bas. En un seul geste, se produit un dégrippage des étages cervical dorsal et lombaire. Là encore, pas de craquements audibles par le spectateur ou l’opérateur, mais la perception de ressauts internes et indolores pour le patient et qui ne sont sonores que pour lui-même.
Toute impressionnante que puisse paraître cette technique, elle est d’une innocuité parfaite, en particulier au niveau cervical pour les éléments vasculaires et neurologiques proches.
Cette innocuité repose sur des bases anatomiques, physiologiques et biomécaniques basées essentiellement sur la visco-élasticité du rachis* ainsi que sur des études mécaniques et physique (fibre neutre*, poutre d’égale contrainte*, flambage-déflambage*, tenségrité). Ces notions permettent de bien comprendre ce qui se passe au niveau articulaire et intervertébral lorsque l’on effectue un geste axial en vitesse instantanée. Il serait trop compliqué d’en détailler ici les tenants et aboutissants. Plusieurs études ont été réalisées et démontent l’efficacité et l’innocuité de la technique. Des centaines de milliers de patients ont été traités depuis 1950 par les médecins français et étrangers qui pratiquent la technique Pécunia.
Une thèse de Doctorat en Médecine, illustrant les indications et l’innocuité de l’application d’une force dans l’axe en vitesse instantanée sur le rachis a été validée à LYON en 1992 avec l’aval des professeurs Gilles PERRIN ET Alain GOUTELLES, à l’Hôpital Neurologique Pierre Wertheimer.
Il est intéressant de savoir que les techniques de traitement axial de la colonne vertébrale étaient déjà utilisées dans l’Antiquité, comme en témoignent des manuscrits byzantins du Xe siècle.
L’histoire ne dit pas si le Docteur Pécunia s’en était inspiré ou non la première fois qu’il a traité quelqu’un dans l’axe !
De par sa spécificité, la technique Pécunia présente néanmoins quelques contre-indications qui concernent surtout la mise en position pendulaire : la pathologie artérielle anévrismale, les prothèses artérielles, les valves cérébrales, l’hypertension artérielle très élevée, le décollement rétinien et l’œil récemment opéré sont des contre-indications qui relèvent du bon sens, et qui n’interdisent pas le traitement horizontal au collier à condition de doser l’intensité impulsive du geste de manière optimale.
La prothèse de hanche ou de genou ne sont pas des contre-indications à la traction pendulaire, et encore moins horizontale, à condition d’adopter quelques précautions de positionnement.
Les malformations rachidiennes instables susceptibles de menacer la moelle épinière sont des contre-indications évidentes, en particulier au niveau cervical. Le bloc cervical n’est pas une contre-indication à la traction axiale, pas plus que le syndrome d’Arnold Chiari dans ses formes frustes.
L’ostéoporose n’est pas une contre-indication si la force tractionnelle est adaptée.
L’arthrose, même d’évolutivité importante, n’est pas une contre-indication à la traction axiale instantanée, bien au contraire.
*Un corps est dit « visco-élastique » s’il reprend sa forme initiale lentement après l’action d’une force à visée déformante : un ressort n’est pas visco-élastique, il est élastique tout court. La mousse des oreillers à mémoire de forme est visco-élastique. Le disque intervertébral aussi dans ses variations de hauteur jour/nuit par déshydratation/réhydratation.
* La colonne vertébrale est assimilable à une « poutre d’égale contrainte » en situation debout : Quel que soit le niveau de coupe horizontale, la pression exercée sur la surface de la section de coupe par le poids des éléments sus-jacents à la coupe reste la même, dans la mesure où le diamètre de la coupe augmente au fur et à mesure qu’on descend. Le plus bel exemple commun de poutre d’égale contraintes est la tour Eiffel.
Fibre neutre , Flambage/Déflambage : imaginez une règle d’écolier de section carrée en plexiglass : vous pouvez facilement l’incurver dans un sens ou dans l’autre si vous la prenez à deux mains et appliquez une force déformante pour faire le geste de la briser : Vous effectuez ainsi des mouvements qui ont en terme de physique, une action dite de flambage et de déflambage sur cette règle. Lorsque vous la courbez vers le bas, sa partie supérieure s’allonge légèrement et sa partie inférieure se rétrécit, et inversement, si vous la courbez vers le haut. Au niveau de l’axe central de la règle, il existe une zone qui bien que soumise aux mêmes forces de déformation, ne varie pas en longueur : c’est la fibre neutre de la règle. La colonne vertébrale, lorsqu’elle est soumise à une traction axiale, ou à n’importe quel mouvement, se flambe et se déflambe. La moelle épinière est sa fibre neutre.